Le jardin du quartier de la « plaine à choux »

Ville d’intellectuels et d’artistes, Strasbourg dispose dès 1566 de son Académie comprenant quatre Facultés : Théologie, Droit, Philosophie et Médecine. Cette dernière souhaite installer un Jardin botanique dans l’enceinte de la ville. Des négociations entre le Sénat et le couvent Saint-Nicolas-aux-Ondes permettent au recteur Storck d’obtenir une partie du jardin du couvent situé dans le quartier de la Krutenau, qui de par son origine maraîchère, signifie « plaine à choux ».

Le Jardin botanique de Strasbourg est créé en 1619 au sein l'Académie qui devient Université en 1621 ; il est alors le deuxième installé sur l'ensemble du territoire aujourd'hui français après celui de Montpellier bâti en 1598 (l'Alsace est alors incluse dans le Saint Empire romain germanique). Il est dirigé par des médecins de la Faculté de Médecine. Plusieurs serres sont construites afin d’accroître la diversité des plantes à étudier. En 1670, le premier inventaire du Jardin, édité par le botaniste Marcus Mappus, recense 1600 espèces.

Suite à la Révolution Française, de nombreux jardins botaniques sont démantelés car leurs collections de plantes exotiques sont jugées trop « aristocratiques » par les révolutionnaires. Jean Hermann, alors directeur du Jardin botanique, lui sacrifie toute sa fortune personnelle pour sa survie. Il sauve aussi de la destruction une partie des statues de la Cathédrale de Strasbourg en les enterrant dans le Jardin.

Le jardin botanique au sein de l’Université Impériale

Lors de la guerre de 1870, les troupes prussiennes assiègent la ville de Strasbourg. Les habitants encerclés n’ont plus accès aux cimetières situés en périphérie de la cité. Les autorités réquisitionnent alors le Jardin botanique afin d'y enterrer les nombreuses victimes du siège. Le jardin créé en 1619 au sein de la faculté de Médecine est alors en grande partie détruit.
Victorieuse, l’Allemagne impériale annexe l’Alsace et la Moselle en 1871. Très vite, l’empereur Guillaume Ier a pour ambition de faire de Strasbourg la vitrine scientifique et culturelle des territoires récemment conquis. Dans ce but, une nouvelle université (Kaiser-Wilhelms-Universität) est crée en 1872. Afin qu'elle attire des étudiants venus de toute l'Allemagne, les autorités politiques décident de l'installer dans de nouveaux locaux modernes, bénéficiant des avancées technologiques engendrées par la révolution industrielle.

Vers 1878, les travaux titanesques débutent à l’est de la ville au niveau de la porte des Pêcheurs : le palais universitaire et les bâtiments des instituts de chimie, physique et botanique ainsi que l'observatoire astronomique sont bâtis de part et d'autre d'un axe que s'étend actuellement de la place de la République à l'observatoire. Les instituts de géologie et de Zoologie seront édifiés dans un second temps (1890) sur une parcelle située au sud du premier ensemble.

 

C'est dans ce contexte, qu'un nouveau Jardin voit le jour associé à l'institut de botanique dont la conception et la direction sont assurées par le professeur Anton de Bary (1831-1888), botaniste et mycologue renommé.
Le Jardin botanique est installé à son emplacemet actuel, à côté de l'Institut et entoure en partie l'Observatoire astronomique. Il est concu sur mesure pour les besoins de l'enseignement et de la recherche en botanique au sein de l'Université. Il comprend, à son innauguration le 26 novembre 1884, un arboretum, des rocailles, une école de botanique, des parcelles écologiques ainsi qu'un vaste complexe de plusieurs serres chauffées.

Le Jardin botanique de l'Université de Strasbourg aujourd’hui

Vétustes en raison de leur manque d'entretien dans la première moitié du XXe siècle et très abîmées lors de l’orage de grêle du 11 août 1958, le complexe de serres est détruit en 1963.  A cette même époque, l'avènement de nouvelles disciplines (génétique, caryologie, physiologie végétale à l'échelle cellulaire, etc.), comme l'augmentation du nombre d'étudiants, rendent les bâtiments construits à l'époque allemande obsolètes et inadaptés aux besoins de la communauté universitaire.
Un nouvel Institut de Botanique et les locaux actuel du Jardin sont bâtis en 1965-1967 sous la direction du doyen Henri-Jean Maresquelle en lieu et place des ancienne serres. Seule la serre de Bary échappa à la destruction et fut en partie rénovée en 1993.

Près de quatre siècle après sa création, le jardin botanique de l'Université s'étend sur près de 3 hectares à quelques encablures du centre ville de Strasbourg, constituant un véritable "poumon vert" au coeur de l'agglomération. Rattaché à la faculté des sciences, il demeure depuis son origine un lieu d'enseignement et de recherne également tourné vers le grand public souhaitant découvrir le monde végétal.