Ancien Jardin botanique

Dès 1538, on fonde à Strasbourg une Haute École appelée « Gymnase » qui conjugue les aspirations de l’humanisme et de la Réforme : l’éducation y est morale et religieuse mais aussi de nature encyclopédique. En 1566, le Gymnase est érigé au rang d'Académie puis d'Université en 1621.

Afin d’améliorer l’instruction, la Faculté de Médecine décide de l’installation d’un Jardin botanique en 1619 dans le quartier de la Krutenau, sur un terrain cédé par le couvent Saint-Nicolas-aux-Ondes. À l’époque, l’enseignement médical inclue l’apprentissage de la reconnaissance des plantes, de leurs vertus médicinales et de la manière de les préparer en pharmacie. Ce sont alors des médecins comme Johann Rudolf Salzmann (1574-1656) ou Marcus Mappus (1632-1701) qui assurent la direction du Jardin botanique. L’organisation des plantations comme le tracé du jardin sont plusieurs fois remaniés. À l’origine, les végétaux sont réunis selon leurs propriétés médicales. Ensuite, le classement devient plus méthodique à mesure que la botanique s’émancipe pour devenir une science à part entière qui s’affranchit totalement de la médecine à la fin du XVIIe siècle.

 

Les premières serres sont bâties en 1638. Un siècle plus tard, le Jardin botanique est agrandi par réunion de terrains de particuliers et d’un ancien magasin nommé « Windhoff ». Sa surface ne dépassera néanmoins jamais un hectare. L’un des premiers inventaires des collections édité en 1670 comporte 1600 espèces locales et exotiques.

Le Jardin botanique survit à la Révolution française grâce au dévouement de son directeur Jean Hermann (1783-1800) qui sacrifie ses fonds propres pour assurer l’entretien et la défense de ses collections exotiques, jugées alors trop « aristocratiques » par les révolutionnaires. Par la suite, le jardin va faire l’objet d’un enrichissement constant et particulièrement intense : le catalogue de 1818 fait état de 2400 plantes, celui de 1838, près de 5000.

Le siège de Strasbourg lors de la guerre de 1870 met brutalement fin à cette période fastueuse. Les cimetières situés extra-muros devenus inaccessibles, le Jardin botanique devient un lieu de sépulture, où sont enterrées de nombreuses victimes du siège.

Après l’annexion, le professeur Anton de Bary (1831-1888) prend en charge la direction du jardin dévasté et exigu de la Krutneau. À partir de 1878, il organise le transfert du Jardin botanique à son emplacement actuel, sur le site de la nouvelle Université Impériale qui voit le jour à la porte des pêcheurs, sur le glacis des anciens remparts de la ville.

L'école des arts décoratifs (actuellement Haute École des Arts du Rhin) sera érigée en 1892, en lieu et place de l’ancien Jardin botanique. Dans le parc entourant l'école fut érigé un monument aux morts en l'honneur des victimes du siège de 1870 toujours visible aujourd'hui.